En octobre 1897, Saint-Gaudens décide d'aller pour la première fois à Aspet, portraitvillage natal de son père. Maintenant, à cinquante ans, Saint-Gaudens se montre plus enclin à se pencher sur son passé. Son père est mort neuf ans auparavant et il éprouve une certaine curiosité à l'égard de ses origines. Il demande à son vieil ami et compagnon des randonnées de jeunesse, Alfred Garnier, de venir avec lui. Garnier, son ancien condisciple à l'École des beaux-arts, est à présent un émailleur renommé dont les grands musés achètent les oeuvres.

 Le village d'Aspet est situé sur les contreforts pyrénéens, à une trentaine de kilomètres de la frontière espagnole, tout proche de la ville de Saint-Gaudens d’où vient le patronyme de l'artiste. Les parents de son père avaient déménagé après sa naissance, quittant Aspet pour la bourgade voisine de Salies-du-Salat.

Le voyage bouleverse Saint-Gaudens :

«Il m'est impossible de décrire mon émotion quand je suis arrivé au village dont mon père parlait si souvent, et que j'ai vu mon nom au-dessus d'une porte au bout d'une petite rue étroite où un de mes cousins avait une cordonnerie et faisait aussi le commerce du vin. C'est une étrange sensation de se trouver en pays de connaissance dans un endroit où l'on n'était jamais venu avant.»

Bernard Saint-Gaudens se plaisait à dire qu'il venait d'un beau pays, mais son fils Augustus ne le croyait pas sur parole.

«Et là, des années après sa mort, je découvrais qu'il avait dit la pure vérité.»

 À Aspet, le sculpteur fait la connaissance de ses cousinsplaqueRue Hector et Louis Saint-Gaudens, respectivement cordonnier et facteur. Il passe des moments merveilleux dans ce village où son retour fait revivre le souvenir des bonnes histoires et de l'humour gaulois de son père.

 Saint-Gaudens écoute attentivement les témoignages et amasse les photos souvenirs : la maison familiale à Salies-du-Salat, où il marque d'une croix la fenêtre de la chambre de son père ; lui-même posant devant la maison d’Aspet où son père est né; lui et Hector devant le coteau où son père jouait dans son enfance...  Toutes ces photographies sont soigneusement légendées dans les marges. Saint-Gaudens ne retournera pas à Aspet, mais sa femme s'y rendra en 1909.

gloireCependant, on n'oubliait pas Augustus Saint-Gaudens dans la patrie de son père. En 1932, sur une initiative franco-américaine, un monument fut érigé en son honneur dans la ville de Saint-Gaudens.

Le groupe sculpté représentait des personnages allégoriques, incarnant la France et les États-Unis, qui posaient une couronne de laurier sur la tête du sculpteur. Le buste et les personnages en bronze ont disparu pendant la guerre, mais le socle est toujours là avec son inscription.

Un «comité de soutien franco-américain», constitué dans les années vingt, entreprit de recueillir les fonds nécessaires pour financer la réalisation d'un monument. En 1931, le gouvernement américain fit un don de 4000 dollars. Le monument, érigé à Saint-Gaudens, fut inauguré le 11 septembre 1932. Le sculpteur breton Pierre Feitu, un ancien ami de Saint-Gaudens, l'avait réalisé en collaboration avec l'architecte Louis Longfosse.

La statue en bronze, déboulonnée en 1942, faisait partie des nombreuses œuvressocle que les occupants ont fondues pour en récupérer le bronze. 

Le buste et les personnages en bronze ont disparu pendant la guerre, mais le socle est toujours là avec son inscription.

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